dimanche 24 mai 2015

Bonnard au Musée d'Orsay




Que j’aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !
— (Le serpent qui danse, Charles Baudelaire)


L'Indolente. Synonyme : l'inerte, l'amorphe, l'apathique...Mais l'on entend : l'Insolente. Le tableau le plus osé de Bonnard. Un corps nu de femme en liberté. Jambes écartées sur un lit. Corps de jeune fille. Une partie du corps, dans l'ombre, accentue l'érotisation de la chair. Le noir sur la chair. Le contraste crée le volume. Celui qui ne jouait plus de l'ombre et de la lumière pour créer la perspective, qui peignait sur un même plan, comme un enfant, suivant le modèle de Cézanne : faire du volume par contraste de couleurs, nous présente une oeuvre hors de tous sentiers.  Son modèle, sa femme, sa muse pose dans un grand nombre de ses nus. Je n'ai pas pu savoir si le modèle dans l'Indolente était Marthe. Le modèle vogue sur un lit de nuages qui lui traverse la cheville. 
L'Indolente. Quel titre évocateur !


Marthe aimait le bain. Elle en prenait plusieurs fois par jour. Son amoureux la peint dans sa baignoire. C'est la deuxième plus troublante toile : Marthe étendue dans la baignoire. Presque morte. Un corps presque en décomposition.  Un bras plus court. La lumière du dehors traverse les fenêtres à carreaux. Plusieurs teintes du mauve au bleu au jaune au rose, les couleurs de la palette de Bonnard. Même couleur pour le corps. Le jaune toujours présent comme un espoir pour sortir Marthe de la fragilité de sa santé mentale. Folie tangible de Marthe. Le tableau qui peint le mieux sa fragilité. On la dirait suicidée. 

L'exposition au Musée d'Orsay  porte le titre Pierre Bonnard : Peindre l'Arcadie. La terre idyllique . Celle recherchée par Bonnard se trouve en Provence. Plusieurs séjours lui font élire domicile dans Le Cannet.  Plusieurs avant lui ont cherché les couleurs de la méditerranée. La Méditerranée est une femme sculptée d'Aristide Maillol et qui  figure dans l'exposition. Dans les toiles de Bonnard, la vibration de la couleur et de la lumière qu'il capture intensifie l'émotion. 
Il rencontre Marthe en 1905 et l'épouse en 1925. Marthe meurt en janvier 1942. Elle est enterrée au Cannet. Bonnard meurt en janvier 1926. Il est enterré au cimetière Le Cannet avec Marthe.




 

mardi 19 mai 2015

Huis clos au Théâtre Nord-Ouest



Je ne me souviens pas avoir marché dans ce quartier tant chanté par Yves Montand. À part un vague souvenir du Musée Grévin, dans ma début vingtaine. Avec mon infatigable amie qui m'entraine dans d'interminables marches le long du boulevard entre les métros Strasbourg Saint-Denis et Grands-Boulevards, en passant par les grandes portes sculptées : Saint-Martin et Saint-Denis, une myriade de petits et grands théâtres nous attendent. Mais c'est tout à fait par hasard, un dimanche, on pénètre une cour où niche un théâtre d'art et d'essai : le Théâtre Nord-Ouest. Deux salles présentent respectivement Andromaque et  Huis clos. On opte pour Huis clos et c'est une surprise de voir les quatre personnages de la pièce de Sartre dans une interprétation remarquable du texte qui n'a pas pris un cheveu blanc. Réflexion sur la mort et la disparition physique du corps. 
Les personnages ont tous un secret qu'ils vont, au cours de la pièce, dévoiler : la raison de leur présence en enfer. Je ne me souviens pas , quand j'avais lu Huis clos, dans le début de ma vingtaine, qu'il y avait l'évocation d'une attirance lesbienne entre les deux personnages féminins. Cela devait très probablement être latent dans le texte de Sartre. Ça m'était sorti de la mémoire. On pourrait lire sous le texte l'inscription de la relation entre la belle Simone de Beauvoir qui repousse les avances assidues de la Bâtarde (alias Violette Leduc). Dans un petit espace déglingué,  qui crée une proximité physique , à la limite oppressante avec les spectateurs, comme le veut le sujet de Huis clos. Si vous êtes à Paris, allez voir la pièce et découvrir le Théâtre Nord-Ouest pour un stimulus créatif assuré. 



Huis clos de Jean-Paul Sartre (à partir du 6 mai)
Msc.: Isabelle Erhart • Avec en alternance: J. Abadie, L. Bowman, G. Cheylus, M. Corton Viñals, M. Delor, I. Erhart, C. Rochet, A. Roda, D. Vasserot, E. Veiga
http://www.billetreduc.com/94524/evt.htm





dimanche 3 mai 2015

Fleurs sauvages du Liban Album II



Sur le sentier en aval du monastère Mar Chaya, un bouquet de senteurs mêle thym,  romarin et genêt. J'en sors enivrée.




























Artichauts


Olivier


Kumquat


























Chant des créatures de Nadine Ltaif

CHANT DES CRÉATURES, le nouveau recueil de NADINE LTAIF sort en librairie aujourd’hui mardi, le 6 février 2024. « Pour écrire un seul vers, ...