dimanche 28 octobre 2012

L'étrange univers de George Tooker

Toucher la lumière








Il me hante depuis juillet 2011. De passage à New York, je l'ai découvert par hasard dans une Galerie de Chelsea,  la DC Moore Gallery qui rassemblait une importante collection de ses toiles. George Tooker a produit deux cents toiles seulement durant sa longue vie . Il venait de mourir en mars 2011 à l'âge de 91 ans. Une salle était consacrée à son cercle intime d'amis artistes peintres et de photographes. Le groupe se nomme PaJaMa, composé des deux premières lettres de leurs prénoms: Paul Cadmus, Jared French, Margaret French. Le New York des années quarante. Des photos en noir et blanc. Très suggestives. Le peintre est d'ascendance cubaine. Son style est désigné sous l'appellation de réalisme magique.


Des personnages aux regards effrayés, perdus dans la grande ville, solitaires, muets, non dépourvus de chaleur par contre. Ce qui frappe chez Tooker c'est son humanité. Il entoure ses personnages de compassion. Il les embrasse, les love, semble écouter leurs souffrances, car ils sont emmurés dans le silence, dans les couloirs du métro new-yorkais, ou enfermés dans des cubicules, des bureaux. Dans ses tableaux de la plage de Long Beach, qui n'existe plus aujourd'hui, il peint une faune de baigneurs avec leur famille, une foule métissée. Ou bien des toiles, telles des fresques, dignes de la Divine Comédie, où la pauvreté et la mort sont représentées. Univers kafkaïen, celui du Procès ou de L'Amérique. Labyrinthique.



Il y a quelque chose de transcendant dans les tableaux de cet artiste qui rejoint les fresques de Giotto. Un je-ne-sais-quoi  de sacré. Une lumière florentine. Un effroi transfigurant. Et malgré leur accoutrement contemporain, les personnages sont hors du temps. Entre Giotto et les sculptures grecques ou romaines.
Est-ce l'usage de la technique de la Tempera utilisée dans les peintures du Moyen Âge et de la Renaissance italienne qui renforce ce sentiment d'intensité  ? Il nous fait toucher la lumière du bout des doigts.

samedi 13 octobre 2012

Holy Motors : "Et si personne ne regarde plus ? "




Un homme, millionnaire, traverse Paris dans une limousine blanche. Le film est une série de rencontres. Il se déguise, va à la rencontre des personnages qu'il interprète. Entre rêve et réalité, le film est un ballet, une chorégraphie, une quête de beauté. Quête ou enquête. "La beauté est dans l 'oeil de celui qui regarde"... "Et si personne ne regarde plus ?" Ces lignes sont tirées du film. L'acteur et ses rôles, son désespoir d'exister, on se demande si ce n'est pas lui-même qu'il assassine dans chaque station. "J'ai un projet: devenir fou" dit le protagoniste. Incertitude de bout en bout : entre le vrai et le faux. Un pari sur la beauté.

Holy Motors
film de Leos Carax 
distributuion : Denis Lavant, Edith Scob, Kylie Minogue, Eva Mendes, Michel Piccoli

Chant des créatures de Nadine Ltaif

CHANT DES CRÉATURES, le nouveau recueil de NADINE LTAIF sort en librairie aujourd’hui mardi, le 6 février 2024. « Pour écrire un seul vers, ...